L’estampage des œuvres anciennes

L’estampage est un procédé de reproduction des textes gravés sur la pierre. C’est d’ailleurs la raison d’être des stèles puisqu’en même temps qu’elles conservent le texte ou l’œuvre, elles en permettent la copie exacte et leur diffusion à l’infini. Celle-ci se trouve à la Forêt des Stèles de la ville de Xi’an, véritable musée de la calligraphie chinoise, une sorte de « bibliothèque de pierres » de textes philosophiques anciens, mais aussi de calligraphies de plusieurs très grands maîtres. On y compte quelque 1300 stèles qui présentent des textes et des œuvres couvrant toute la période allant de la dynastie des Han (IIIe siècle) jusqu’au début du XXe siècle.

À la Forêt des Stèles, une seule des salles est réservée à l’estampage et c’est une attraction pour les visiteurs. Il y flotte une odeur minérale d’encre, très caractéristique.

Sur la pierre gravée, l’artisan applique d’abord un papier de riz très mince et assez poreux, le même en fait que l’on utilise en calligraphie. En l’humidifiant un peu, ce papier adhère bien à la pierre. Il passe et repasse alors un petit balai de sisal qui « embosse » chaque caractère, mais en creux, dans le papier.

La calligraphie qu’on aperçoit ici est exceptionnelle de beauté, elle est d’un très grand artiste de la dynastie des Song, Huang Ting Jian (1045 – 1105), spécialiste de l’écriture semi-cursive. Ce n’est pas le calligraphe qui grave directement la pierre. Cette opération est effectuée par des artisans extrêmement habiles qui « recopient » exactement le caractère tracé préalablement au pinceau directement sur la pierre, ou exécuté sur du papier, ensuite collé sur la pierre pour la graver.

En regardant attentivement le travail de gravure de cette stèle, on peut voir comment les plus fins détails du tracé du pinceau sont fidèlement reproduits.

L’estampage d’une stèle demeure un document précieux. C’est pourquoi il est toujours surprenant de voir comment le papier est ensuite plié et replié pour le conformer au format d’une pochette standard destinée à la vente. Toutefois, en le faisant maroufler, les plis disparaîtront. Les estampages peuvent aussi être découpés et montés sous forme d’albums cousus, mais on perd alors l’impression d’ensemble de l’œuvre d’origine.

photos © Françoise Cloutier