Les cinq principaux styles de calligraphie

L’écriture chinoise a connu une longue évolution à travers les âges. C’est durant la dynastie des Qin
(221-207 av. J.-C.) que le premier empereur de Chine a imposé l’unification et la normalisation de l’écriture, après avoir conquis différents royaumes et créé un vaste empire. En même temps, pour assurer le contrôle de ce grand territoire, il imposait l’unification de la monnaie, des poids et mesures, en plus de standardiser jusqu’à l’écartement des essieux.

Sous la dynastie des Han (206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.) on commence à considérer la calligraphie comme une forme d’art et non plus seulement comme un simple acte d’écriture, ou un outil de communication et de conservation des traditions. La calligraphie fut longtemps en Chine l’apanage des lettrés, c’est-à-dire les hauts fonctionnaires impériaux.

On distingue principalement cinq styles d’écriture qui ont chacun leurs caractéristiques dans la forme des traits, dans leur attaque, dans leur terminaison et parfois dans leur enchaînement. Ici le mot « style » ne réfère pas au style personnel d’un calligraphe.

Les dates d’apparition des différents styles sont très approximatives. Il est intéressant de noter qu’ils ne sont pas mutuellement exclusifs et qu’ils se superposent les uns aux autres dans l’usage. À part la grande sigillaire, tous les styles sont encore utilisés aujourd’hui.

Le même caractère « vent » dans les cinq styles : la sigillaire, la chancellerie, la régulière, la courante, la cursive.

 

La calligraphie sigillaire – zhuan shu (pron. djouang-chou)  Grande ou petite, cette écriture est d’abord conçue pour être gravée. Même si c’est la plus ancienne, on pratique encore la petite sigillaire parce qu’elle reste très appréciée. À un certain moment de l’histoire de la Chine, elle connut une renaissance importante, c’était un acte de rébellion contre les envahisseurs pour bien marquer la volonté d’un retour aux sources de la culture chinoise. Les caractères très anciens de cette écriture sont peu lisibles actuellement pour les Chinois.

La calligraphie de chancellerie – li shu (pron. li chou) 
On l’appelle également l’écriture du fonctionnaire ou l’écriture du scribe; elle est le résultat d’une volonté de simplification du tracé des caractères. Même si la forme de cette écriture est fixée durant la dynastie des Han, elle est encore lisible de nos jours.

La calligraphie régulière – kai shu (pron. caille chou)
Également apparue à la fin de la dynastie des Han au IIIe siècle, elle découle d’un autre effort de simplification de l’écriture, décrété par le dernier empereur de cette dynastie. C’est d’ailleurs la plus facile à déchiffrer et elle est bien adaptée à l’apprentissage de la calligraphie. Les traits sont nettement tracés.

La calligraphie courante – xing shu (pron. ssing chou)
On l’appelle aussi semi-cursive, parce que justement elle se situe entre la régulière et la cursive. C’est le style aujourd’hui le plus répandu, avec la régulière. Le tracé des caractères est lié et simplifié, ce qui permet d’écrire plus vite. Mais les caractères restent bien distincts les uns des autres.

La calligraphie cursive – cao shu, (pron. tsao chou)
Littéralement style d’« herbe » ou « de paille », les Chinois l’appellent aussi « l’écriture au gré de la volonté » ou écriture « à l’écoute de l’humeur »; tous les traits d’un même caractère sont abrégés, liés entre eux; la plupart du temps, les caractères s’enchaînent les uns aux autres, ce qui les rend pratiquement illisibles pour les Chinois. Les autres styles d’écriture répondaient à des règles contraignantes imposées en général par le pouvoir impérial, ce qui toutefois n’empêchait pas les artistes d’exceller. Même si ce style est surprenant de modernité par l’abstraction virtuose du tracé des caractères, il n’est pas moderne puisqu’il a fait son apparition à une époque de grands troubles sociaux, au début de la dynastie des Han, vers 200 ap. J.-C., par rébellion à l’autorité. Une manière pour les intellectuels d’affirmer leur volonté de sortir des sentiers battus.

8 avis au sujet de « Les cinq principaux styles de calligraphie »

  1. Ces commentaires sont clairs et sans prétention. Une information à des fins de vulgaristion comme on aimerait à en recevoir davantage.
    Merci pour cet altruisme!!!

  2. Je trouve cela amusant, j’ai été contente que tu inscrives la prononciation des signes., je n’avais jamais fait cette expérience de mettre un son sur un mot écrit en chinois.. Merci Françoise.
    Danielle

  3. Article très instructif! Je ne me doutais pas qu’il existait autant de styles de calligraphie chinoise. Et c’est fascinant de voir l’évolution du symbole servant à désigner le vent, par exemple. Continuez à nous faire partager vos coups de cœur artistiques, car votre passion nous aide à ne pas oublier d’apprécier toute la beauté qu’il y a autour de nous!

Les commentaires sont fermés.